Nous apprenons le rappel à Dieu hier soir, le 13 janvier 2025, de notre mère, sœur, tante et amie Tatiana Ciolkovitch, devenue il y a quelques années moniale Alexandra, mais connue de tous sous le surnom affectueux de Tatka.

Tatka a été une membre active de notre mouvement. En tant qu’enfant dans les otriady, les groupes, lors du camp d’été, puis rouko et membre du personnel en tant qu’économe. Mais ce n’est pas tant dans ses postes officiels que Tatka aura marqué les cœurs et les esprits, que par sa personnalité et son talent qui rayonnèrent dans notre mouvement et plus largement l’orthodoxie française. Tatka, en effet, est née le 16 juin 1947 dans une famille issue de l’émigration russe des années 1920, ayant reçu en héritage le don de l’oreille, du chant et des langues (elle-même était trilingue, parlant parfaitement l’anglais et le russe, sa langue maternelle). Grâce à ce talent de la musicalité qui a imprégné sa culture familiale, mais aussi et surtout par sa personnalité énergique, sensible, ouverte, généreuse, malicieuse, entière, Tatka a été un pilier de la transmission de la tradition du chant liturgique, mais aussi folklorique, au sein de l’ACER-MJO.

Tatka était généreuse dans sa foi profonde et sa spiritualité. Très tôt impliquée dans la jeune paroisse francophone de Saint Jean le Théologien fondée il y a 40 ans, dont les enfants chefs de chœur ont essaimé dans les paroisses orthodoxes de France, et même d’ailleurs, elle a participé aux répétitions de chant, véritables catéchèses en musique, destinées aux jeunes. À de nombreuses reprises, elle a accueilli ces répétitions de jeunes dans son appartement du nord-ouest de Paris, où tous étaient reçus avec chaleur. Cette transmission a en premier lieu porté ses fruits chez ses deux enfants Serge et Hélène, tous deux également héritiers de ce don de la musique et des langues. Tatka (ainsi que sa fille Hélène, « Lenka ») a chanté aux côtés de son fils Serge, « Goulka », longtemps chef de chœur dans cette paroisse, mais aussi fondateur de la chorale francophone Saint Jean Damascène, réunissant jeunes et adultes membres de l’ACER MJO, des Vitiaz, des scouts russes... Voix solide et sûre, Tatka était capable de chanter les mélodies de tous les pupitres pour combler les trous et assurer l’équilibre harmonique !

Avec son énergie et un pragmatisme logistique hors pair (notamment par son appétence et sa maîtrise de la bureautique et des outils informatiques), Tatka a soutenu et porté tous les projets de développement de textes francophones issus de la culture slave, qu’il se soit agi des textes des vigiles, aujourd’hui utilisés dans de nombreuses paroisses, ou de partitions folkloriques et populaires.

Aimant transmettre, serviable et enthousiaste, Tatka aida ainsi les moniales du monastère Notre-Dame de Toute-Protection à Bussy-en-Othe (89), à proximité duquel elle vécut une dizaine d’années, dans l’apprentissage du slavon. Elle ne cessa jamais de dispenser des notions d’ordo et de catéchisme des fêtes jalonnant le calendrier liturgique à qui en faisait la demande, dans les paroisses de France. L’autrice de ses lignes, elle même cheffe de chœur pendant de nombreuses années dans la paroisse Saint Jean le théologien, lui doit le fondement de ses connaissances sur la structure des offices, des tons et toute la richesse de la tradition liturgique. Tatka voyait dans les aspects techniques de cette tradition une formidable pédagogie sous tendant la profonde spiritualité orthodoxe.

Prenant de l’âge, Tatka n’a jamais cessé de vivre avec gourmandise et jeunesse d’esprit, et si elle appréciait la compagnie des jeunes, ceux ci le lui rendaient bien, se sentant avec elle en terre d’affection et de confiance. En Russie, près de la Laure de la Trinité Saint-Serge où elle était partie vivre en 2018 et où elle avait été tonsurée, Tatka, devenue mère Alexandra, demeura entourée d’amis de tous âges, fidèle à son esprit d’ouverture : laïcs, moines de la Laure, jeunes comme moins jeunes, appréciaient sa compagnie et sa personnalité pétillantes.


Mère Alexandra s’est éteinte le cœur paisible des suites d’une maladie, ses enfants Hélène et Serge (aujourd’hui hiéromoine Michée) auprès d’elle.

Mémoire éternelle, chère mère Alexandra !

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