Saint Dimitri Klépinine
Vie
Saint hieromartyr Dimitri Klépinine
KLEPININE, Dimitri Andréjevitch (14 avril 1904, Pjatigorsk, Russie — 9 février 1944, Buchenwald, Allemagne) prêtre orthodoxe russe canonisé en 2004.
Dimitri est le 3ème enfant de l’architecte André Klépinine en charge de la construction du complexe des Eaux Minérales du Caucase, et de Sofia Alexandrovna, née Stépanova, pédagogue. Son parrain fut l’écrivain Dimitri Merejkovskij dont l’épouse Zinaïda Hippius était la cousine de sa mère. Dimitri émigra avec sa famille, d’abord à Constantinople où il poursuivit ses études au Collège américain, puis à Belgrade, Serbie où il devint membre du cercle de jeunes orthodoxes initié par la famille Zernov qui cherchait à avoir une vie sacramentelle responsable sous la direction de prêtres comme père Alexis Neljoubov, l’évêque Benjamin (Fedchenko) et du métropolite Antoine (Khrapovitskij). Ces cercles, animés par des conférenciers tels que Basile Zenkovskij, Serge Bezobrazov, abordent des thèmes brûlants comme les causes de la Révolution russe, le rôle du chrétien dans l’histoire, la prière de Jésus, le sens de la vie. En 1923, les différents cercles de jeunes dispersés en Europe s’unissent pour créer l’Action Chrétienne des Etudiants Russes.
Agé de vingt ans, Dimitri éprouve le désir d’étudier la théologie et en 1925 entre à l’Institut de Théologie Saint Serge qui vient de s’ouvrir à Paris ; son professeur préféré est le père Serge Boulgakov. Au bout de quatre ans, il rédige son mémoire intitulé : « Le cœur et la raison dans la prière de Jésus ». Son diplôme obtenu, il part aux Etats-Unis au Theological General Seminary où il a obtenu une bourse pour un semestre. Il étudie Saint Paul qui lui devient « proche et cher ».
Revenu à Paris, il fréquente les réunions de l’Académie spirituelle et religieuse de N. Berdiajev, les congrès de l’ACER, ceux de la Fraternité St Alban et St Serge en Angleterre. En qualité de lecteur et de chef de chœur, il aide les célébrants de diverses églises et fait un séjour à Bratislava au service du père Serge Tchetverikov. Il participe aux camps d’été de l’ACER, en tant qu’aide-cuisinier et chantre. Dimitri rêve de devenir prêtre et fonder sa famille. Il rencontre Tamara Baïmakova membre de l’ACER qui travaille à l’YMCA. Ils se marient le 12 Juillet 1937. Le couple aura deux enfants, Hélène et Paul.
Le 12 septembre 1937, en la cathédrale St Alexandre Nevski de Paris, Dimitri est ordonné prêtre par le métropolite Euloge assisté par Mgr. Serge de Prague. Il est nommé à la paroisse de l’ACER rue Olivier de Serres où il a de nombreux amis ; puis, en 1939, devient recteur de la paroisse de la Protection de la Mère de Dieu, rue de Lourmel au foyer ouvert par mère Marie (Skobtsov). Il entre dans l’organisation qu’elle a créée, « l’Action Orthodoxe » pour venir à l’aide des malheureux. Père Dimitri dessert des paroisses en banlieue, visite les malades dans les hôpitaux du XVè arrondissement, organise des cercles de lecture pour les personnes seules, s’occupe plus spécialement du suivi des alcooliques.
Pendant l’Occupation allemande, père Dimitri entre dans la Résistance. Il aide les Juifs persécutés, leur fournit des certificats d’appartenance à sa paroisse, baptise ceux qui en expriment le désir. Avec le groupe de l’Action Orthodoxe, il confectionne des colis destinés aux prisonniers.
Le 10 février 1943 il est arrêté par la Gestapo. Au cours d’un interrogatoire de 4 heures, on lui propose la liberté à la condition qu’il cesse son aide aux Juifs. Il montre alors sa croix pectorale à l’officier SS en disant : « Et ce Juif-là, vous le connaissez ? » Une gifle le jette à terre. On l’envoie au fort de Romainville où il retrouve mère Marie et son fils Youri ; puis au camp de Compiègne-Royallieu. Dans ses lettres à sa femme, il s’efforce de la consoler et considère sa détention comme une nouvelle mission. Il organise pour les nombreux prisonniers russes, grecs et serbes des cours sur la Bible. Il célèbre chaque jour la liturgie dans une chapelle improvisée, il confesse, console, baptise. Il prépare Youri Skobtsov à la prêtrise.
En décembre 1943, il est envoyé en Allemagne, au camp de concentration de Buchenwald, puis au commando de Dora où sont fabriquées les fusées V2, il est affecté aux durs travaux de terrassement. Début février, il assiste impuissant au départ vers l’inconnu de Youri. Epuisé, atteint de pneumonie, il se sent abandonné. Son ami, Georges Kazatchkine le retrouve dans un baraquement, gisant à terre parmi les immondices. Il lui promet de revenir le lendemain pour l’aider à écrire une carte à sa famille, mais le 10 février, Georges lit le nom de son ami sur la liste des corps expédiés dans la nuit au crématoire de Buchenwald. Un détenu russe a assisté à l’agonie du prêtre. Celui-ci lui a demandé de prendre sa main et de tracer sur lui le signe de la croix.
Le 16 janvier 2004, le Saint Synode du Patriarcat Œcuménique de Constantinople a inscrit le père Dimitri Klépinine parmi les saints de l’Eglise orthodoxe et fixé sa fête le 20 juillet et le 9 février.
Bibliographie
Hélène Arjakovsky-Klépinine : Et la vie sera amour, destin et lettres du père Dimitri Klépinine, Le Sel de la Terre, Cerf , 2005